L’œdicnème criard (Burhinus Œdicnemus) est un limicole terrestre d’environ 45 cm de hauteur et de 80 cm d’envergure, soit à peu près la taille d’une mouette rieuse. Ses grandes pattes jaunes, aux genoux noueux (le mot œdicnème vient du grec et signifie « jambe enflée ») témoignent d’une très bonne aptitude à la marche. Ses ailes sont d’une teinte brun-noir avec deux barres claires visibles uniquement en vol alors qu’une seule bande claire encadrée de noir est observable lorsque l’oiseau est posé au sol. Sa poitrine couleur crème et striée de brun-noir lui confère un mimétisme optimal dans son biotope. Ses caractéristiques les plus remarquables sont sans nul doute possible, au niveau de sa face : une grosse tête ronde avec de grands yeux, à l’iris jaune citron, adaptés à la vision crépusculaire et nocturne, des sourcils et «moustaches» blancs se rejoignant sur le front, un bec robuste, jaune à la base, noir à son extrémité.
Contrairement à ses cousins limicoles pour qui, saison des amours rime avec parades nuptiales aux gestuelles souvent spectaculaires, l’œdicnème, lui, a surtout développé un sens extraordinaire pour les vocalises, plus adaptées à sa vie essentiellement nocturne et à l’origine de son nom de criard. Ses chants, à ne pas confondre avec ceux du courlis cendré, sont audibles jusqu’à une distance de un kilomètre. Ceux-ci sont audibles toute l’année avec un creux en janvier et deux pics, en début de printemps et en milieu d’été. Une activité vocale, plus faible mais notable, est également possible en automne.
L’œdicnème criard possède 11 chants distinctifs, qu’il est capable d’émettre aussi bien en vol qu’au sol ! Le “cri de courlis” (Kurlee call), très rauque, est le plus fréquemment entendu. Ce cri présente 3 variantes à savoir le “cri en roulade” (Rolled Kurlee), le plus souvent entendu le soir et la nuit, pendant la période nuptiale, le “cri étranglé” (Strangled Call), très bref et sonore, émis en cas de danger et le “cri bitonal” (Bitonal Kurlee), chant doux, répété à intervalles courts, servant de cri d’alarme pour les pous-sins. Le “sifflement bitonal” (Bitonal Whistle), le “sifflement simple” (Simple Whistle) la “trille haute fréquence” (High-frequency Trill) et le “chant bref” (Whit Call) sont d’autres variantes communes mais plus rares, émises dans des contextes particuliers.
Le régime alimentaire de l’œdicnème criard est essentiellement composé d’invertébrés tels que coléoptères, vers de terre, sauterelles et autres insectes volants. Des cas de prédation sur des petits oiseaux et micro-mammifères ont même été rapportés.
Le nid de l’œdicnème est également une autre extravagance de cet oiseau. Celui-ci ne consiste qu’en une simple cavité d’une vingtaine de centimètres que l’oiseau remplit, durant l’incubation, de crottes de lapins et de petits graviers. Les nids sont souvent à proximité d’un couvert permettant à l’adulte qui couve de se cacher, mais toujours dans une zone à végétation très rase, sur un secteur caillouteux afin de pouvoir repérer au loin de possibles prédateurs. La ponte est le plus souvent constituée de 2 œufs, mais peut varier de 1 à 3 œufs. L’incubation, assurée aussi bien par la femelle que le mâle dure entre 25 et 27 jours. Les jeunes sont ensuite nourris par les adultes durant 6 semaines. La période de nidification de l’œdicnème s’étale de la fin mars à fin septembre (juvéniles non volants jusqu’en octobre), avec un pic de ponte situé entre le 10 avril et le 20 mai. Les données postérieures correspondent soit à des pontes de remplacement de nichées détruites par les engins agricoles, soit à des deuxièmes pontes qui seraient régulières chez certains couples. Le succès de la reproduction atteint environ 70% de taux d’éclosion et 80 % de survie des poussins. La survie des adultes est assez élevée et atteint 80 à 90%, témoignant là encore des ressources de cet oiseau. La longévité maximale observée grâce aux données de baguage est d’environ 17 ans
Je vous propose de l'écouter ici.
Les œdicnèmes sont arrivés d'Afrique début avril ici en Ariège et j'ai la chance que les champs autour de ma maison soient occupés par quelques couples. Certains groupes hivernent de plus en plus fréquemment en plaine maintenant, réchauffement climatique aidant...